Insectes. Cécité - Aveuglement, Installation-peinture. Dimensions variables ; bois, coton, nylon, paraffine, métal.
Ce-ci est le mouvement d’une cécité qui prolifère.
Le blanc, dans mon œuvre, est l’étape ultime du processus d’appréhension de l’espace. Il ne s’agit pas d’un espace épuré mais, bien au contraire, d’un espace qui est arrivé au sommet d’un processus. Cette « vision blanche » n’est que le symptôme d’un état ultime. De même que dans Aveuglement de Saramago, où une épidémie de cécité blanche amène l’humanité à ressentir les choses différemment ; le blanc, dans mon travail, ne constitue qu’une porte de passage entre plusieurs degrés de blanc, plusieurs degrés de choses que nous ne touchons pas. Loin d’être un parcours praticable, la « réalité » est surtout un parcours impraticable d’interactions indéterminées entre les choses. Dans Insectes - Cécité Aveuglement, la séparation et le repositionnement donnent lieu à un début d’annulation, comme si les taches étaient prêtes à suivre un courant et à disparaître du cadre. En même temps, on pourrait penser à un début d’apparition qui, au contraire, les ferait épanouir. Il ne s’agit plus de travailler la surface lisse et plate du tableau, mais de questionner la matière qui modèle le monde, de se confronter à une structure. D’un seul coup, le tableau devient plusieurs tableaux, de différentes dimensions. Des tableaux qui sembleraient pouvoir marcher dans l’élan d’un mouvement directionnel. Un mouvement qui surgit à plusieurs reprises. D’abord celui des taches de moisissure qui apparaissent sur les draps, élément vivant qui témoigne du passage du temps, trace éphémère de quelque chose de présent et de passé en train de se modifier. Des lambeaux de tissu et des écailles de paraffine solidifiés font écho à cette première apparition de matière. Revers macroscopique de la structure infinitésimale des taches. On plonge à l’intérieur du tableau, dans sa lutte intérieure. Pour cela, ma peinture prend ici la forme d’une installation et d’un « mouvement ». Un mouvement qui pousse les petites tables à sortir du cadre dans lequel elles ont été posées, comme des insectes en marche vers leur maison.