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On ne peut pas assujettir l’utopie, ni à une image ni à un lieu. Elle oscille dans nos représentations. Elle est un rêve aux multiples interprétations ; une Atlantide qui n’existe pas ; une nostalgie qui se modifie constamment.

 

Christos Joachimides

Où se situe le corps ?

 

Merleau Ponty disait : « Loin que mon corps ne soit pour moi qu'un fragment de l'espace, il n'y aurait pas d'espace pour moi si je n'avais pas de corps ». Foucault, dans sa réflexion sur le corps utopique, se situe au plus près de Merleau-Ponty en envisageant le corps comme la Cité du Soleil : « il n’a pas de lieu, mais c’est de lui que sortent et que rayonnent tous les lieux possibles, réels ou utopiques. »

 

Voir notre corps comme une étendue spatiale qui s’offre comme point d’observation du monde. Conscient de cet espace qui l’entoure et dont il fait lui-même partie sans pouvoir s’en distinguer, le corps est lié et englobé à la matière dans un mouvement uniforme.

À travers ma pratique, j’interroge ce mouvement révélateur de formes et de corps en action. Plus précisément, l’expérience que nous avons de l’espace en tant que traversée et illusion. Notre traversée physique de l’espace est en quelque sorte une construction. L’imagination, la représentation et la construction sont des actions étroitement reliées les unes aux autres, qui laissent une empreinte dans la matière du monde.

Leibniz définit la matière comme une texture infiniment poreuse, sans vide, semblable pour moi à l’état ultime de la peinture de Monet.

 

                                                                             Rosita Taurone

Chaque portion de la matière peut être conçue comme un jardin plein de plantes, et comme un étang plein de poissons. Mais chaque rameau de la plante, chaque membre de l'animal, chaque goutte de ses humeurs est encore un tel jardin, ou un tel étang ! Et quoique la terre et l'air interceptés entre les plantes du jardin, ou l'eau interceptée entre les poissons de l'étang, ne soit point plante, ni poisson ; ils en contiennent pourtant encore, mais le plus souvent d'une subtilité à nous imperceptible ! Ainsi il n'y a rien d'inculte, de stérile, de mort dans l'univers, point de chaos, point de confusion qu'en apparence ; à peu près comme il en paraîtrait dans un étang à une distance dans laquelle on verrait un mouvement confus et grouillement, pour ainsi dire, de poissons de l'étang, sans discerner les poissons mêmes. 

 

                                                           Gottfried Wilhelm Leibniz                                               

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